Verbatim
Gilles Guyot, président de l’Université Jean Moulin-Lyon 3 de 1997 à 2002 n’a
jamais désavoué l’Institut d’Etudes Européennes, « institut racialiste » au sein
duquel officiaient Jean Haudry (auteur du Que sais-je ? sur les
Indos-européens) et Jean-Paul Allard (président du jury de la thèse
négationniste d’Henri Roques).
Alors qu’une mission d’experts diligentée par le Ministre de
l’Éducation Nationale de l’époque, Claude Allègre, avait rappelé que l’Institut
d’Études Indo-européennes n’avait « rien de scientifique » et « pas sa place »
dans les murs de Lyon 3, Gilles Guyot déclarait devant le Conseil
d’administration de Lyon 3 qu’ « on ne peut pas accuser à travers ce rapport
d’expertise ceux qui en ont fait partie d’avoir dérivé de quelque manière que ce
soit » [1] .
Gilles Guyot n’a d’ailleurs jamais saisi la section
disciplinaire de Lyon 3 à l’encontre de Jean-Paul Allard. La même année,
l’Université de Lyon 3, Gilles Guyot à sa tête, accorde l’éméritat à Jean Haudry
(co-fondateur de l’Institut d’Etudes Indo-Européennes) et recrute Isabelle
Rozet-Grazioli, connue pour ses publications dans des revues d’extrême droite,
proche de la Société Internationale d’Etudes Indo-Européennes et dont l’époux «
a tenu une librairie d’extrême-droite à Nancy » [2] . Isabelle Rozet et Gilles
Guyot ont fondé une association para-universitaire à Lyon 3, le Faculty Club.
La Cour Régionale des comptes indique, le 5 avril 2001, à
propos des publications de la Société Internationale d’Etudes Indo-européennes
qu’ « il y a bien eu volonté délibérée de faire régler cette dépense par
l’Université en lieu et place de la Société Internationale d’Etudes
Indo-Européennes » et que, « lors de l’entretien final avec le rapporteur, le
président de l’Université [Gilles Guyot] a indiqué avoir été informé très
récemment de cette demande de règlement ». Le commissaire conclut que « cette
affirmation est peu crédible, en effet, d’une part le mandat a été émis par les
services de la Présidence, d’autre part les allégations sur le certificat
administratif visant à induire en erreur le comptable, ont été rédigées en son
nom par le secrétaire général » [3] .
Sous la présidence de Gilles
Guyot, en mars 2001, l’africaniste Bernard Lugan été promu, au grade de Maître
de Conférence Hors Classe alors que cet enseignant est, comme le précise le
rapport de la commission Rousso « très isolé dans sa propre communauté
scientifique » [4] et qui, en 1993, « s’est fait connaître en chantant La
Coloniale [chanson raciste et sexiste] devant ses étudiants, avec un casque sur
la tête et un fouet à la main » [5] . Gilles Guyot avait précisé à l’époque que
Bernard Lugan « n’est pas d’extrême-droite» et est « l’un des meilleurs
spécialistes de l’Afrique » [6] .
Gilles Guyot n’a eu de cesse d’attaquer en justice nos
associations, qui luttent contre le négationnisme et le racisme à Lyon 3 depuis
des années. Il a dû se résoudre, au printemps dernier, à retirer sa plainte pour
dénonciation calomnieuse déposée contre Hippocampe, l'UNEF et l'UEJF. La juge
d'instruction n'avait de toute façon pas trouver de fondements à cette plainte.
Gilles Guyot a reçu en 2002 des mains de Raymond Barre
(soutien récent de Bruno Gollnisch, selon lui, "quelqu'un de bien", qui "ne
pense pas ce qu'il dit") une légion d’honneur très contestée. Au sortir de la
cérémonie, Gilles Guyot a tenu a salué les associations anti-négationnistes
manifestant devant l’Université d’un geste obscène et indigne d’un
universitaire.
Gilles Guyot, sur invitation de Monsieur Emile Azoulay
(Président de Rhône-Alpes Israel Echanges) et du recteur honoraire de l'académie
de Lyon, Monsieur Maurice Niveau, s'est rendu, la veille de son élection à
la tête du réseau national des I.A.E., au Mémorial de Yad Vashem (Israël). Il
l'a d'ailleurs fait savoir à grands coups de communiqués de presse.
Gilles Guyot a été débouté, le 28 juin dernier, de sa plainte pour diffamation à
l'égard du journal Le Progrès et de Marc Jampy, ancien président
d'Hippocampe.
Gilles Guyot a été mis en garde à vue par la brigade financière de Lyon dans le
cadre d'une enquête préliminaire pour prise illégale d'intérêt [7].
Bonus. A lire dans Le
Monde :
"L'université Lyon-III
n'en finit pas d'accumuler les polémiques et d'attirer les critiques.
Accusée depuis sa création, en 1973, d'avoir laissé prospérer en son sein
des thèses négationnistes et abrité un noyau de professeurs d'extrême
droite, l'université lyonnaise est désormais pointée du doigt pour sa
gestion.(...)
Le rapport insiste sur le
goût prononcé de l'ancien président de l'université, Gilles Guyot, pour les
cérémonies et autres cocktails. Entre 1999 et 2002, les frais de réception,
de restaurant ou de représentation achats de foulards et de cravates ont
augmenté de 125 %. Pour l'année 2002, la chambre estime les frais de bouche
"à 300 000 euros soit, sur la base de 220 jours ouvrables, 1 360 euros
par jour".
Pour la même année, les
notes de déjeuner s'élèvent à 95 000 euros, soit, expliquent encore les
magistrats, "sur la base d'un prix moyen de 27 euros et de 220 jours
ouvrables environ 3 520 déjeuners dans l'année, 16 par jour pris en charge
par le budget de l'université" . Les rédacteurs du rapport citent en
exemple le coût de la cérémonie des voeux de Gilles Guyot, le 9 janvier 2001
: il est évalué à 29 733 euros. Ou encore les cérémonies de remise des
insignes de chevalier de la Légion d'honneur, prise en charge par Lyon-III
pour un montant total de 8 270,50 euros."
Compte tenu de cette
inflation, les magistrats estiment que l'université aurait dû passer un
marché négocié avec mise en concurrence, et non se faire livrer par des
traiteurs sans critères précis. Face à ces observations, Lyon-III s'était
justifiée en soulignant que la progression de ses frais était liée à son
développement international. Les magistrats estiment cette explication
insuffisante.(...)
S'agissant du recrutement
des enseignants, le rapport note que l'université a recruté massivement des
agents contractuels sur des emplois de professeurs de second degré. Sur la
même période, un quart des emplois figurant au budget de l'université
étaient ainsi occupés par des agents contractuels, alors que la loi du 5
février 1992 stipule que les recrutements de ce type doivent revêtir un
caractère temporaire.
En épluchant les contrats,
les magistrats se sont aperçus que certains agents n'exerçaient aucune
activité d'enseignement et, surtout, que cinq agents contractuels, en poste
sur des emplois de professeur de second degré dont l'offre n'avait pas été
soumise à publication, avaient "des liens de parenté étroits avec des
personnels titulaires en poste dans l'établissement" . Pour la chambre
régionale des comptes de Rhône-Alpes, cette situation "est symptomatique
des dérives auxquelles peut conduire un système de recrutement
discrétionnaire, échappant aux règles fixées par des textes réglementaires"
.
Le parquet de Lyon s'est
saisi de ce point en ouvrant une enquête préliminaire pour "prise
illégale d'intérêts" , afin de déterminer dans quelles conditions avait
été embauchée la soeur de Gilles Guyot, sous le mandat de ce dernier."
[1]
Procès-Verbal du Conseil d’Administration de l’Université Lyon 3, 6 mars 2001
[2] Rapport de la « Commission Rousso » sur le racisme et le négationnisme à
Lyon 3, p. 220
[3] Lettre du
commissaire général des comptes près la Chambre régionale des comptes de
Rhône-Alpes au Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de
Lyon, 5 avril 2001.
[4] Rapport
de la « Commission Rousso » sur le racisme et le négationnisme à Lyon 3, page
219
[5]
Libération, 12 mars 2001, « Négationnisme : Lyon III visée à la tête » par
Olivier Bertrand
[6] Le Monde
, 7-8 octobre 2001, « Des africanistes dénoncent la promotion d’un historien de
Lyon-III proche de l’extrême-droite « , Sophie Landrin
[7] Le Progrès, 31 mai 2005,
" Université Lyon 3:
Gilles Guyot entendu par la brigade financière ", Michel Deprost.
|
La légion d'honneur de Gilles Guyot.

Lu dans Lyon Capitale du 6 mars 2002.
"Réactions. Jeudi soir, Gilles Guyot, président de Lyon 3, recevra la
Légion d’honneur des mains de Raymond Barre. Cette décoration suscite
une polémique, qui dépasse les clivages politiques. Les opposants
viennent de recevoir le soutien de Daniel Cordier, compagnon de la
Libération et secrétaire de Jean Moulin.
Lyon 3 : la polémique fait légion
“Une opération de blanchiment”
“Cela fait un peu opération de blanchiment, c’est regrettable. Le
ministère vient de créer une commission, il eut été sage d’attendre un
peu. Il n’y a pas d’urgence à remettre une décoration, une fois qu’elle
est accordée on n’est pas obligé de se précipiter.”
Patrice Beghain, adjoint à la culture
“Des réseaux”
“J’ai été choquée par cette décision, ne comprenant plus les valeurs
présidant à la remise d’une légion d’honneur. Si c’est seulement parce
qu’il est président d’université, il y en a bien d’autres qui ne l’ont
pas eue. […] Je ne comprends pas Raymond Barre, il aurait dû être plus
prudent. On peut se demander si ce ne sont pas des réseaux qui se
confortent mutuellement. La Légion d’honneur n’en sort pas grandie.”
Catherine Pivot, professeur de sciences économiques à Lyon 3, présidente
de l’association René Cassin
“Il fallait attendre”
“Ce n’est ni le moment, ni opportun de remettre une médaille à Gilles
Guyot. Il fallait attendre l’aboutissement des enquêtes engagées et
surtout ne pas donner l’impression que l’on approuve les comportements
en cause.”
Bernard Soulage, président du groupe PS au Conseil régional
“Incompréhensible”
“Je trouve cela parfaitement scandaleux et incompréhensible. En outre,
on peut se demander pourquoi ce président si jeune obtient la Légion
d’honneur avant d’autres, plus anciens. Michel Cusin (président de Lyon
2 de 1986 à 1991), Éric Froment (président de Lyon 2 de 1991 à 1996) ou
Bruno Gelas (président de Lyon 2 de 1996 à 2001), qui ont accompli un
travail immense, n’ont pas encore été jugés dignes de cette récompense.
On se demande quels services Gilles Guyot a pu rendre pour la mériter
plus qu’eux.”
Claude Burgelin, universitaire
“Provocation”
“Je trouve qu’il y a beaucoup de précipitation, avec un parfum de
provocation eu égard aux milieux qui se sont exprimés et à l’émotion
provoquée.”
Marie-France Vieux-Marcaud, secrétaire départementale du PCF
“Une claque”
“En allant remettre la Légion d’honneur à Gilles Guyot, Raymond Barre
donne une claque aux associations des Droits de l’homme qui travaillent
pour extirper le négationnisme de Lyon 3.”
Barbara Romagnan (PS), candidate dans la 3e
“Ça regarde Raymond Barre”
“Je ne fais aucun commentaire. Ça regarde Raymond Barre, c’est tout. Je
suis universitaire, je n’ai rien à dire sur quelque chose qui ne
constitue pas un événement.”
Alain Bideau (UDF), conseiller municipal
“Il la mérite”
“Gilles Guyot mérite la Légion d’honneur. Il fait honneur à la France et
à l’Université.”
Patrick Louis (MPF), candidat supposé dans la 12e
“Comme au procès Papon”
“Vu la polémique au centre de laquelle se trouve M. Guyot, c’est quelque
chose que l’on peut déplorer. Cela revient à fermer les yeux. Raymond
Barre a témoigné au procès de Maurice Papon ; c’est, je pense, le même
problème avec cette Légion d’honneur. Au procès, il est venu parler de
l’aspect positif de la carrière de Maurice Papon et dire qu’il ne
connaissait rien de l’aspect négatif. Je suppose qu’il dira la même
chose pour Gilles Guyot. Personnellement, je ne peux pas porter un
jugement sur la carrière de Gilles Guyot, que je ne connais pas. Ce que
je sais, c’est qu’il est président d’une université qui pose problème.
Alors, ou il est une potiche, ou il est un responsable de la coloration
de son université. En tant que président, il porte une responsabilité.”
Serge Klarsfeld, avocat
“Regrettable”
“Raymond Barre n’a pas mes compliments. C’est regrettable. Je trouve
qu’il a des choses meilleures à faire pour occuper sa retraite.”
Pierre Vidal-Naquet, historien
“Rien à dire”
“Aucun commentaire. Sa médaille semble honorer toute une carrière
universitaire. Quand la République — le ministre de l’Éducation et le
Président ! — décide d’honorer quelqu’un de la Légion d’honneur, il n’y
a rien à dire.”
Fabienne Lévy (UDF), candidate dans la 2e
“Des antécédents”
“Je suis totalement défavorable à cette décoration. Le moment, la
personne, tout est mal choisi. Si Gilles Guyot était personnellement
totalement blanchi par la commission Lang, on s’inclinerait. En
attendant, il ne fallait pas lui remettre de médaille. C’est embêtant
pour la Légion d’honneur elle-même, même s’il y a déjà eu des
antécédents, des personnes décorées et pourtant peu honorables.”
Jean-Louis Touraine (PS), premier adjoint au maire de Lyon
“Mobilisation”
“Cela montre que Raymond Barre et une partie de la droite lyonnaise ne
sont pas prêts à rompre avec la droite extrême. […] La commission créée
par Jack Lang est positive mais elle n’est pas suffisante : le problème
ne se réduit pas à des débats d’universitaires. Il y a besoin d’une
mobilisation citoyenne.”
Guillaume Floris (LCR), candidat d’À Gauche Autrement dans la 3e
“Aux anges”
“Je suis aux anges ! C’est un honneur pour Lyon 3 d’avoir un président
ainsi décoré. En plus, Raymond Barre est le maire de Lyon qui a vu les
fruits de la présidence de Gilles Guyot. […] Je pense que l’enseignement
dispensé à Lyon 3 ne permet pas de dire qu’il y a “un noyau fasciste”
dans cette université, comme l’a dit Pierre Vidal-Naquet (Lyon Capitale
du 20 février). Tous les profs se comportent correctement, même Allard,
Haudry ou Lugan. Il n’y a jamais eu de problème dans un cours, ni de
propagande politique.”
Renaud Pfeffer, vice-président étudiant de Lyon 3 (corpo)
“Étrange”
“C’est pour le moins étrange, aussi bien la Légion que la remise assez
solennelle qui est prévue, au moment où une enquête est ouverte à
l’initiative du ministre de l’Éducation nationale sur ce qui s’est passé
et sur ce qui continue peut-être de se passer à Lyon 3.”
Bernard Comte, universitaire
“Ne pas le compromettre…”
“Je suis étonné que cela pose problème. Je n’ai pas toujours été de
l’avis de Gilles Guyot : je pense que dans l’affaire Notin, il aurait dû
défendre avec plus de vigueur les libertés universitaires. Mais il a
consacré des années de sa vie, quasi bénévolement, à la direction de
l’une des meilleures universités de France. C’est l’une des rares où
tous les courants de pensées sont représentés, y compris le mien, même
s’il y est très minoritaire. […] Je ne vois pas au nom de quoi on
pourrait s’opposer à sa Légion d’honneur. Maintenant j’espère que ce
compliment n’achèvera pas de le compromettre…”
Bruno Gollnisch (FN), directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen
“Pas opportun”
“Je ne veux pas réagir. Compte tenu de la mission (une enquête sur les
affaires de Lyon 3, NDLR) qui a été donnée par le maire de Lyon au
conseil que je préside, il n’est pas opportun que je réponde.”
Alain Jakubowitz, président du Conseil pour le respect des droits
“Confusion”
“Je sais qu’il y a une enquête en cours, pour déterminer la
responsabilité de Gilles Guyot dans les affaires négationnistes. Si elle
doit le blanchir, j’en serai ravi, surtout pour Lyon 3. Mais si elle
démontre qu’il y a eu des dysfonctionnements, je crois que c’est grave.
En tout état de cause, je trouve dommage cette remise de décoration.
Cela ne participe pas à la clarification et à l’objectivité de l’enquête
en cours. Je regrette que ce soit Raymond Barre qui la remette, cela
crée de la confusion.”
Emmanuel Hamelin (RPR), candidat dans la 2e
“C’est fait sérieusement”
“La décision a été prise au plus haut niveau, en accord entre l’Élysée
et le ministère de l’Éducation. Je pense que c’est fait sérieusement.
S’il y a une vraie difficulté de fond, ce qui est regrettable, c’est que
l’enquête arrive si tardivement.”
François-Noël Buffet (RPR), maire d’Oullins
“Barre finit mal”
“Raymond Barre finit mal sa carrière. Il est dommage qu’il n’attende pas
les conclusions de l’enquête. Cela étant, c’est dans la continuité des
positions de Raymond Barre vis-à-vis de Lyon 3, il n’a rien fait durant
son mandat pour aider l’université à sortir de ses problèmes.”
Guilène Aillard, élue Unef au C. A. de Lyon 3
“Choquant”
“Qui que soit celui qui lui remet la médaille, le fait qu’il reçoive
une médaille est choquant. Je ne connais pas les motivations de Barre,
mais je les désapprouve.”
Gilles Buna (Verts), candidat dans la 2e
“Corporatisme”
“On trouve cette cérémonie scandaleuse. On ne comprend pas si c’est le
corporatisme des universitaires qui joue dans cette affaire. On
s’associera à toute manifestation publique de protestation. Nous serons
devant Lyon 3 le jour de la cérémonie.”
Pierre Hemon (Ras l’front), candidat des Verts dans la 4e
“Sans commentaire”
Jean-Michel Dubernard (RPR), Christian Philip (UDF) et Michel Mercier
(UDF) n’ont pas souhaité réagir. Mais leur secrétariat nous ont fait
savoir qu’ils assisteront à la remise de la Légion d’honneur à Gilles
Guyot."
|